Le dernier livre d’Hugo Horiot, « Autisme : j’accuse ! » (L’Iconoclaste, 2018)
est à la fois un cri de colère contre la manière dont les autistes sont traités
en France aujourd’hui et un manifeste pour une société réellement inclusive.
Pour lui c’est la société qui crée la situation de handicap des personnes autistes en leur demandant de s’adapter
à ses normes, notamment à la communication verbale.
L’autisme n’est pas une pathologie mais une autre forme d’intelligence. Plutôt que de dépenser des milliards dans le fonctionnement des centres spécialisés et des hôpitaux psychiatriques où les autistes sont mis à l’écart de la société, l’État devrait se concentrer sur l’éducation et valoriser l’intelligence des neurodivergents.
Hugo Horiot dénonce le retard de la France dans l’intégration de ces intelligences différentes.
Il cite les Etats-Unis, notamment la Silicon Valley, où la moitié des ingénieurs serait autiste, Israël où l’armée utilise les compétences des autistes dans le décryptage des images, l’Italie où les établissements spécialisés ont disparu au profit d’une meilleure organisation de l’inclusion scolaire, avec des enseignants plus nombreux et des effectifs de classe divisés.
Pour Hugo Horiot l’intelligence des autistes est la plus complémentaire à l’intelligence artificielle, elle est donc la plus adaptée au monde de demain. Et ce sont les neurotypiques qui se trouveront alors en difficulté. Il nous invite à imaginer un monde où les autistes seraient majoritaires. Que feraient alors les neurotypiques dans un univers dont le fonctionnement ne correspondrait plus à leur mode de pensée ?
Je partage la révolte de Hugo Horiot sur l’inadaptation totale de notre système éducatif,
il est insensé que dans un pays comme la France celui-ci ait si peu évolué dans ses méthodes et ses moyens face aux bouleversements de la société et à la multiplicité des intelligences.
Son discours m’a semblé parfois excessif concernant les centres de soins, il est indispensable de dénoncer les abus, mais il me paraît intéressant de faire coexister dans un vrai partenariat travail éducatif et thérapeutique. Enfin ce pamphlet est aussi une mine d’informations qui donne envie d’aller lire et de s’informer, avec des notes de bas de pages à la fois claires et détaillées. Hugo Horiot étaye ses propos d’exemples concrets, de références à des recherches, qui font de ce court essai un tremplin pour le lecteur vers d’autres sources et d’autres réflexions.
Ce livre a le mérite de bousculer les idées reçues et de pulvériser le politiquement correct. Il nous tire vers le haut en nous rappelant à notre devoir de nous remettre en cause et de sortir de notre zone de confort de neurotypique. Il est en ce sens extrêmement salutaire.
Cécile G.