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La voix des invisibles participe au Grand débat au Village Saint Michel

"On s’est donné de l’amour. Ce serait bien que les gens prennent exemple sur nous ».

J’ai participé le lundi 25 février au soir à un débat avec des personnes handicapées organisé dans le cadre du grand débat national par les associations L’Arche à Paris et le Cercle Vulnérabilités et Société. Il se tenait au Village St Michel, 31 rue Olivier de Serres dans le 15ème. Ce site rassemble entre autres trois foyers d’accueil médicalisés, un institut médico-éducatif, deux foyers d’hébergement, un centre médico-psycho-pédagogique.

La soirée a commencé par une intervention de deux responsables du Cercle Vulnérabilités et Société qui ont rappelé l’importance de donner la parole aux plus fragiles, de cesser de les mettre à l’écart et de changer notre regard sur eux : dans toute vulnérabilité il y a de la richesse et de l’innovation. 

Deux thèmes avaient été retenus en amont parmi ceux proposés par le président de la République : la transition écologique et la citoyenneté.

Nous sommes répartis pendant la première heure en petits groupes de réflexion. Je suis à une table «Citoyenneté» avec des jeunes travaillant dans les foyers, certains d’entre eux dans le cadre du service civique. Je suis frappée d’emblée par leur complicité et leur plaisir manifeste à être là. Dans chaque groupe sont désignés un meneur des échanges, un secrétaire et un rapporteur pour la restitution. Une pochette contient des photos inspirantes, un ensemble de feuillets de pictogrammes, des ciseaux, du scotch et des post-it. Nous commençons par un debriefing, chacun donne les mots qui lui viennent en pensant à « citoyenneté » : équité avant égalité, vivre ensemble, altérité, idéal. L’écoute est bienveillante et les échanges se font de manière simple et fluide.

Dans un deuxième temps nous devons choisir deux photos et formuler des questions qu’elles nous inspirent.

Des idées jaillissent : le problème du logement, le fait que la citoyenneté commence dès l’enfance, la façon dont le monde est gouverné par l’argent, l’importance des voyages pour comprendre les autres cultures… Chacun vote ensuite à l’aide de deux post-it pour les images/idées qui lui semblent les plus essentielles. Dans notre groupe ce sont les notions d’altérité, de l’appartenance au groupe, du respect et du lien qui ressortent. Nous proposons enfin des solutions liées à ces questions : la prise en considération du groupe mais aussi de l’individu, l’importance de créer des espaces de dialogue, de faire tomber les masques sociaux et de donner toute sa place à l’éducation.

La deuxième heure est en séance plénière et quelques personnes de chaque groupe viennent en rapporter les idées à travers différents supports : pictogrammes, photos, textes écrits, dessins, parfois ronde symbolique ou sketch. Les résumés de chaque groupe sont affichés sur des panneaux blancs au mur : revaloriser les qualités humaines dans l’emploi et l’économie, créer une démocratie vivante, penser une écologie relationnelle, consommer de manière plus responsable…La parole de chacun est accueillie avec respect et bienveillance et saluée par des applaudissements. Je suis émue par la tendresse qui circule entre tous les participants.

La soirée se termine sur des interventions libres de personnes qui souhaitent s’exprimer sur ces échanges et ce débat. Un jeune homme dit qu’il aimerait rapporter des souvenirs de cette soirée dans son foyer, une dame explique qu’elle a assisté à un autre débat mais que celui-ci, avec des images et du théâtre, était bien plus « fun ». Un membre du cercle Vulnérabilités et Société conclut en disant que toutes les idées de ce soir tournaient autour de la valorisation de la personne humaine. Un dernier intervenant résume en quelques mots ce que j’ai ressenti au cours de cette soirée mémorable : « On s’est donné de l’amour. Ce serait bien que les gens prennent exemple sur nous ».

Cécile Glasman.

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