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· DIALOGUE

Consultation des AESH avec le secrétariat d'Etat chargé des personnes handicapées dans le cadre de la concertation "Ensemble pour une école inclusive".

Tu as été conviée à une consultation d'un groupe d'AESH dans le cadre de la concertation de Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel " Ensemble pour l'école inclusive". La première séance a eu lieu le mercredi 19 décembre après-midi. Quels étaient les participants et qui animait ces échanges ?

Finalement nous n’étions que 11 participants. 8 têtes de liste de collectifs d’AESH et 4 AESH « francs tireurs ».

Les Collectifs présents :

AESH Ile de France, AESH-AVS en action, AESH Loi 2005, AESH tous ensemble, AESH France, AESH/avs/enseignants/parents en action, Coordination nationale des collectifs.

Nous avons été choisis arbitrairement pour notre implication (contributions par écrit, témoignage pour ma part), nous avions tous demandé à participer à cette concertation.

Nous étions reçus par Monsieur Patrice Fondin, conseiller éducation, formation et enseignement supérieur auprès du secrétariat d’état de Sophie Cluzel, et Isabelle Bryon, déléguée ministérielle à l’inclusion scolaire.

Quel était l'ordre du jour de cette séance?

Cette feuille de route nous avait été proposée :

Proposition d’ordre du jour

Dans un premier temps, nous installerons le groupe avec point sur la concertation, son architecture, vos attentes, le calendrier.

Dans un second temps, nous traiterons de la question de vos conditions d’exercice autour de 3 axes.

1. Le métier, la formation et sa reconnaissance comme appartenant à la communauté éducative

2. Les conditions matérielles de l’exercice de votre métier.

3. Les trajectoires professionnelles

Dans un troisième, la question des compléments d’activités sur les temps péri et extra- scolaire.

Quelles idées sont ressorties au cours des échanges ? Y a-t-il un témoignage qui t'a particulièrement

marquée ? Vos échanges se sont-ils déroulés dans une ambiance constructive ?

Y avait-il unanimité sur les points principaux ?

Je craignais des «têtes de listes radicales», prêts à se battre, plutôt qu’à débattre. Il n’en a rien été: chacun était extrêmement vigilant tout en étant soucieux de voir des solutions constructives sortir enfin de l’ornière cette fonction aussi délicate, éprouvante, que méprisée.
Ce n’était ni le moment ni le lieu pour évoquer des cas particuliers, chacun était porteur de la formidable passion inhérente à ce rôle que nous voudrions tant devenir un véritable métier. Nous évoquions d’une même voix la souffrance engendrée par notre précarité, qui rejaillit sur les enfants fragiles qui nous sont confiés, leurs parents, les enseignants, et notre image-même, souvent déplorable.

Nous nous accordons tous pour répéter qu’une solide formation doit précéder la prise de fonction. Qu’il est intolérable qu’une personne démunie soit ainsi bombardée auprès d’un enfant fragile. Que les enseignants subissent également cet état de fait. L’image de l’AESH sera mauvaise aussi longtemps que ce métier n’en sera pas un. L’AESH est dans bien trop de cas dans une situation encore plus fragile que l’enfant dont il est en charge. Les collectifs déplorent tous de devoir répondre à une multitude de questions des AESH

totalement esseulés et sous-informés. 

A chaque AESH devrait être remis un fascicule décrivant son métier, ses statuts, son cadre. A sa prise de fonction, il devrait être reçu convenablement, et présenté à l’équipe comme en faisant naturellement partie. Il devrait enfin être associé systématiquement à un certain nombre de réunions tout au long de l’année.

Il y a une augmentation de 6% des élèves en situation de handicap accueillis, et une augmentation de 13% des prescriptions délivrées par la MDPH, ce qui pose le souci du recrutement d’AESH en continu.

Les PIAL (Pôles inclusifs d’accompagnement localisé) ont été évoqués. L’idée est de pouvoir répondre intelligemment et localement aux besoins des enfants d’une manière plus fine, plus souple, en tenant compte des emplois du temps. C’est pour le moment une expérimentation. Ce serait un outil pour dispatcher, coordonner les moyens et les besoins, éviter les aberrations trop souvent constatées avec le carcan quotité d’heures allouée qui devient obsolète.

Les participants présents ont cependant bien insisté : il faut que dans ces fameux PIAL les personnels restent sous une gestion centrale académique, pour ne pas subir l’arbitraire et les abus d’une hiérarchie de « trop grande proximité ».

Nous avons souvent évoqué l’étrange fossé entre la vision erronée ou abstraite des représentants du ministère et notre réalité…

Des collectifs avaient déjà été reçus aux prémices du lancement de la concertation lancée officiellement le 18 juillet. Le CCAF avait donné leur livret « les revendications pour la valorisation du métier d’accompagnant d’élèves en situation de handicap »

Quel est le calendrier et l'ordre du jour des prochaines séances ?

Cette concertation se tiendra finalement en 3 actes.

Cette première réunion s’est terminée laissant en suspens la question qui fâche, l’idée qui est traitée par un groupe experts d’examiner des compléments d’activité sur les temps péri et extra-scolaires. Les collectifs et AESH présents ont pourtant unanimement déjà rejeté cette idée, jugée inadéquate. Nous étions tous en harmonie pour insister sur le fait que notre métier en est déjà un. Il nous semble déjà largement se suffire à lui-même avec une formation continue indispensable, des temps de concertations nécessaires avec l’équipe, et les heures invisibles.

Cette question sera abordée lors d’une réunion qui se tiendra courant janvier au ministère de l’éducation nationale. La date nous sera communiquée début janvier. Seconde et dernière réunion avant la réunion croisée qui aura lieu le 23 janvier 2019.

Des groupes travaillent en effet en parallèle jusqu’à cette date :

Coté parents, un groupe de travail CNCPH, un Groupe experts « coopérer dans l’école » avec les structures médico-sociales (l’idée étant d’ouvrir l’école aux soignants, à l’offre médico-sociale), un groupe parent. D’autre part coté AESH, notre groupe accompagnants, un groupe de réunions avec les organisations syndicales, et le groupe experts temps péri et extra-scolaire. L’objectif de toutes ces réunions qui se tiennent est d’établir un diagnostic, et d’élaborer des propositions susceptibles d’être rapidement expérimentées ou mises en œuvre. (LIEN du plan)

La restitution de ces solutions aura lieu lors de la réunion plénière CNCPH (Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées) le 14/02/2019, date symbolique des 14 ans de la loi de 2005.

Le suivi des mises en œuvre sera défini par un calendrier en février 2019.

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Le représentant du collectif AESH-AVS en action a donné à l’issue de la réunion sa proposition sur laquelle il semble avoir planché avec ténacité et passion.

Si cette première réunion était brève, elle a cependant permis à nos interlocuteurs de sentir notre implication sans faille malgré notre précarité et le manque de reconnaissance dont nous souffrons.

J’ose espérer que de leur écoute sortira les ferments de la profonde transformation que souhaitent ardemment les héros de l’ombre de l’inclusion.