Le petit prince cannibale, Françoise Lefèvre aux éditions Babel.
Francoise Lefèvre est écrivain, elle s’est agrippée à l’écriture avec la fureur de vivre, se frayant un passage armée de ses mots aiguisés comme des silex à travers les situations extrêmes que la vie lui a infligées. Son livre, «Le petit prince cannibale», elle l’arrache à une période éprouvante où elle vit enfermée avec son fils 4 ans durant. Elle lutte dans un corps à corps inégal avec le syndrome qui aspire son petit garçon dans l’isolement. Sylvestre est autiste, et à cette époque, on ne lui propose que de l’enfermer en hôpital. Mais Françoise Lefèvre est une guerrière qui se joue des diktats, des usages et des préjugés. Elle ne lit rien, surtout, sur l’autisme. Elle ne suit que son intuition. Elle a une foi superbe dans la vie qu’elle entend bien garder intacte.
Dans ces pages sont étroitement imbriqués cette lutte féroce et continue entre sa volonté d’écrivain, écrire ce roman, l’histoire de Blanche, et ce fils vampire qui vient l’absorber toute entière, raturer ses mots, brouiller ses lignes de ses cris stridents, de ses rages démentielles.
Il lui dérobe ses mots, grignote sa moelle. Elle reste souvent dévalisée, épuisée et vidée. Mais le désespoir est balayé par leurs étreintes provisions éperdues de tendresse, par un premier mot prononcé, ces progrès fêtés comme des exploits alors-même qu’ils sont si dérisoires. Ces progrès minuscules qu’Yvon Roy nomme dans le titre de son témoignage graphique « Les petites victoires ». J’ai remarqué cette phrase simple et belle qu’ils ont en commun pour leurs fils dans leurs livres, sorte de promesse-mantra «Pas une seconde je ne te lâcherai la main. »
En écho à cette bataille qui la laisse exsangue, vient s’ajouter la solitude endurée, dérobée pour pouvoir écrire, délivrer aussi ce personnage qui la consume.
« Il y a tant de retrait, d’enfermement dans l’acte d’écrire que c’est étrange d’imaginer toutes ces pages ayant leur propre vie. Infusant à d’autres êtres une force bénéfique, alors que pour les écrire on s’est privé de tout. »
Si ce petit Prince lamine son énergie, sa sève, l’auteur confie, comme bien des parents dans son cas le dénoncent, combien les jugements, l’ignorance et les réflexions affligeantes des « autres » sont une peine encore davantage insupportable. « Ceux qui savent tout et n’écoutent rien ».
Elle décrit avec puissance l’incarcération qu’elle choisit de vivre avec son fils pour lui éviter d’être enseveli dans un hôpital, emmuré dans son syndrome.
On entre avec ce duo infernal en apnée et de plein fouet dans un long tunnel sans lumière et suffoquant. Un tunnel long de quatre ans. C’est un travail de Sisyphe qui lui est infligé, elle souffle sur lui constamment de peur que les braises, la lueur qu’elle entretient chez son petit ne s’éteignent. Qu’il disparaisse à nouveau dans ce néant d’où elle le tire inlassablement.
Elle se glisse souvent dans son univers pour l’explorer, quitte parfois à s’y perdre, à être ensevelie à sa suite.
Elle confie ces heures passées blottie avec lui à écouter l’eau qui s’écoule dans les tuyaux…
Ce livre où le lyrisme se mêle au trivial dévoile la personnalité flamboyante de l’auteur.
« Le petit Prince cannibale » fait partie des ouvrages qui offrent un formidable espoir aux parents puisque ce Petit Prince muet est devenu un homme brillant, un père, un acteur, un écrivain et un formidable porte-parole des habitants de sa planète.
Sabine K.
Ce livre où le lyrisme se mêle au trivial dévoile la personnalité flamboyante de l’auteur.
« Le petit Prince cannibale » fait partie des ouvrages qui offrent un formidable espoir aux parents puisque ce Petit Prince muet est devenu un homme brillant, un père, un acteur, un écrivain et un formidable porte-parole des habitants de sa planète.
« Je t’imagine comme un Petit Prince.
J’apprendrai ton langage. J’entrerai dans ton silence. J’oublierai ce que je crois savoir. Je t’aimerai.
Te respecterai infiniment.
Moi te respectant, les autres te respecteront. »